03 décembre 2017

Le contexte de la Mecque avant l’Hégire



Le Prophète Muhammad (PSL) soignait ses relations avec les autres malgré le contexte tendu de la Mecque. Ses relations étaient à l’image de sa relation avec ses oncles Abu Talîb et ‘Abbas. Ce dernier après la mort d’Abu Talib restait en permanence au côté du Prophète (PSL). Le Prophète Muhammad (PSL) aimait à se confier à lui alors qu’il ne s’était pas converti. Il le faisait participer à des réunions secrètes où se jouait l’avenir de la communauté. ‘Abbas était présent lors du pacte d’Aqaba et le Prophète Muhammad (PSL) le tiendra informé des étapes et des préparatifs  hautement confidentiels de son émigration. Il était resté polythéiste. N’empêche que le Prophète Muhammad (PSL) n’aura de cesse de lui témoigner son plus grand respect et sa plus profonde confiance dans des situations où sa vie était en danger.

C’est cette même attitude qui avait conduit l’émigration des musulmans vers l’Abyssinie auprès d’un roi Chrétien auquel le Prophète (PSL) accordait sa confiance.

Cette attitude tant renouvelée restera une constance dans la vie du Prophète (PSL), qui établira ses relations au nom du respect des principes et de la confiance et non sur la base du respect d’une religion.

Les compagnons l’avaient également compris eux qui avaient continué à établir des relations avec des non-musulmans au nom de la parenté ou de l’amitié, dans le respect mutuel et la confiance jusque dans des situations périlleuses.

Une première anecdote :
‘Um Salama était séparée de son mari. Elle se retrouvait seule sur la route vers Médine avec son fils. ‘Uthman ibn Talha qui n’était pas musulman, lui proposa de l’escorter et de la protéger jusqu’au lieu où se trouvait son mari. Elle n’hésita guère à lui faire confiance. Il la mena à bon port de la façon la plus respective.

‘Um Salama racontera souvent cette histoire et ne cessera de vanter la noblesse de caractère de ‘Uthman Ibn Talha.

Les exemples de ce genre font légion. Jamais le Prophète Muhammad (PSL) ni les musulmans n’ont réduits leurs relations sociales et humaines à leurs seuls coreligionnaires. Ils avaient de multiples contacts. Ils établissaient des relations de travail et d’amitiés fondées sur un respect mutuel. Plus tard, le Coran définira le cadre de ses relations : 

« Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables.
Allah vous défend seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus pour la religion, chassés de vos demeures et ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés sont les injustes. » Sourate AL-MUMTA
ANAH (L’EPROUVÉE), verset 8-9

Le Prophète (PSL) lui-même sera un modèle d’équité vis-à-vis des hommes qui ne partageaient point sa foi. Pendant toutes ces années de prédication, il n’avait de cesse de recevoir d’importants dépôts de la part de commerçants non musulmans qui continuaient à lui confier leurs richesses. Ils continuaient ainsi à faire une confiance totale au Prophète (PSL). Et même durant « les années de bannissement », son équité lui interdisait de puiser dans ce trésor.

A la veille de son départ à Médine, le Prophète Muhammad (PSL) demanda à ‘Alî de restituer un à un à leurs propriétaires respectifs les dépôts qu’il possédait encore. Il appliquait scrupuleusement les principes d’honnêteté et de justice que lui avait enseignés l’Islam, et ce envers tous (musulmans ou non).

Au cours de cette période, le Prophète Muhammad (PSL) fera montre d’une grande tolérance et compréhension vis-à-vis de ceux qui, sous la persécution ou la pression de leurs proches, avaient finalement renoncé à l’Islam. Ce fut le cas de deux jeunes musulmans (Hishâm et ‘Ayyâsh) qui après une longue résistance renoncèrent à l’Islam. Aucune décision ou sanction particulière ne fut prise contre eux. Plus tard, ‘Ayyâsh reviendra à nouveau à l’Islam, empli de remords et de tristesse.

La révélation viendra apaiser le regard et le jugement trop sévères qu’il portait sur lui-même :

« Dis: «Ô Mes serviteurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le Pardonneur, le Très Miséricordieux.
Et revenez repentant à votre Seigneur, et soumettez-vous à Lui, avant que ne vous vienne le châtiment et vous ne recevez alors aucun secours. » Sourate 53 AZ-ZUMAR (LES GROUPES), verset 53-54

Hishâm, entendant à son tour ces versets, reviendra lui aussi à l’islam.

Une deuxième anecdote :
Ce ne fut le cas de ‘Ubaydallah ibn Jahsh, qui s’était rendu avec le premier groupe d’émigrants en Abyssinie, et qui se convertit au Christianisme puis abandonnant son épouse Um habîba Bint Abû Sufyân. Um Habîba épousera plus tard le Prophète Muhammad (PSL).
Ni le prophète Muhammad (PSL) ni aucun des musulmans vivant en Abyssinie ne prirent de mesures contre ‘Ubaydallah. Il pratiquera le culte chrétien jusqu’à sa mort sans jamais être inquiété ou maltraité.
Cette attitude fut une constante dans la vie du Prophète (PSL). Aucune source de référence ne mentionne d’attitude qui serait différente.

Plus tard, à Médine, il prendra des dispositions fermes contre ceux qui se convertissaient à l’Islam à la seule fin d’obtenir des informations (en situation de conflit), puis le reniaient pour revenir à leur tribu et transmettre ce qu’ils avaient pu apprendre. Il s’agit là de traitres de guerre qui étaient passibles de mort. Leurs actions pouvaient avoir comme conséquence la destruction de la communauté musulmane.

Notre époque semble avoir oublié ces dispositions.

Yathrib 786
03 décembre 2017

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