15 octobre 2017

"Les versets sataniques"



Après la conversion de 'Umar, l’Islam à la Mecque va vivre une période d’impasse. Des menaces de mort étaient proférées à l’endroit du Prophète Muhammad (PSL). Il était accusé de mettre en péril l’économie de la ville de la Mecque qui tirait ses subsides de la fréquentation de la du Temple de la Ka’ba.

C’est dans ce contexte  que va se situer un épisode célèbre celui des « versets sataniques. ».

Les Qorayshites, pour parvenir à obtenir de la part du Prophète Muhammad (PSL) quelques accommodements à l’égard des dieux, lui firent toute sorte de proposition : richesses, femmes, argent, protection à condition qu’il acceptât que fût rendu alternativement le culte aux idoles nationales, une année durant, pour l’ensemble des Mecquois, et une autre année à Allah, pour le Prophète (PSL) et l’ensemble des musulmans.

Pensaient-ils (les qorayshites), les divinités du panthéon arabe ne pouvaient-elles pas jouer « le rôle d’intercesseurs auprès d’Allah» ? Esprit de transaction bien propre à cette cité commerçante qu’est la Mecque.

Les pressions de toute nature se faisaient de plus en plus grandes sur le Prophète Muhammad (PSL) qui ne cessait d’entendre retentir à son oreille le commandement divin « Tu n’adoreras qu’Allah… »



« Lorsque l’Envoyé d’Allah se fut aperçu que son peuple était divisé, à cause de ce qu’Allah lui révélait, il ressentit un grand abattement et il souhaita alors que d’Allah descendît une parole, susceptible de le rapprocher de son peuple qu’il aimait…et qu’en sa faveur fût atténué ce qu’il y avait de violent dans ce qui lui avait été révélé… »  Tabari


C’est dans cet esprit qu’il se serait imaginé un jour, alors qu’il récitait la sourate LIII, qu’une âya (verset) supplémentaire lui était descendue du ciel :


« Par l’étoile lorsqu’elle disparaît !
Votre compagnon n’est pas égaré ;
Il n’est pas dans l’erreur ;
Il ne parle pas sous l’emprise de la passion
….
Avez-vous considéré al-Lat et al’Uzza,
Et l’autre, Manat, la troisième
Sourate LIII An-najm l’Etoile, verset 1-3, 19-20


Et ici, le verset tout à fait inattendu :
Ce sont les sublimes déesses
Et leur intercession est certes souhaitée.


L’évènement aurait suscité à la Mecque une émotion vive. Les Qorayshites se serait dit disponibles pour une négociation et un arrangement. L’éclair d’une « horrible » inspiration, la communauté mecquoise se serait ainsi trouvée investi de pouvoirs sur les croyants et sur les païens en même temps. L’unité nationale se serait reconstituée mais, cette fois, autour du Prophète (PSL). La nouvelle, stupéfiante, aurait même atteint les Muhadjîroun d’Abyssinie, qui se seraient apprêtés au retour.
Or le Prophète Muhammad (PSL) se serait repris. Non il ne pratiquera pas les deux cultes. Non il ne se prosternera pas, lui et les siens devant les idoles. Non, il ne voulait pas d’une religion qui ne fût pas liée au seul culte d’Allah.


« Nous n’avons envoyé avant toi ni prophète, ni apôtre
Sans que le Démon intervienne dans ses désirs.
Mais Dieu abroge ce que lance le démon.
Dieu confirme ensuite ses Versets.
Dieu est celui qui sait, il est sage. »
Sourate LIII
An-Najm, verset 52


« O vous, les incrédules !
Je n’adore pas ce que vous adorez ;
Vous n’adorez pas ce que j’adore.
Moi je n’adore pas ce que vous adorez ;
Vous n’adorez pas ce que j’adore.
A vous  votre religion ;
A moi, ma Religion. » Sourate les Incrédules



Aujourd’hui, beaucoup de ceux qui se sont penchés sur cet incident de parcours pensent qu’il est loin d’être vérifié. Muhammad al-Tähir Ibn Achoûr souligne la fragilité de la source d’al-Tabari, sans doute intrigué, lui et ses successeurs, par le sens des versets cités plus haut et qui évoquent les interférences du Démon. (Muhammad al-Tâhir Ibn Achoûr, Tafsîr al Tahrîr wa al Tanwîr 30 tomes en 15 volumes, MTE, Tunis, 1984)



Quant à l’hypothèse avancée par Tabari d’une tentative du prophète (PSL) de « s’attirer la sympathie » de son peuple, elle est en contradiction aussi bien avec le contenu de la sourate qu’avec l’ensemble de son attitude durant sa prédication mecquoise. Il n’est pas impossible qu’au moment où le Prophète Muhammad (PSL) prononçait le nom des trois déesses, certains aient procéder à une forme d’amalgame qui répondait à leurs propres vœux. Il faut se le murmurait avec beaucoup de prudence, le trouble d’un instant, « l’instant de la distraction », comme dit l’Islam est toujours possible.



Quoi qu’il en soit de la véracité de l’épisode, les ponts vont dorénavant être coupés. La réaction des Qorayshites sera inédite. Elle consistera dans la mise en quarantaine non pas du seul Prophète Muhammad (PSL) mais de tous les musulmans. Deux années de « bannissement» vont suivre. 



Yathrib 786

15 octobre 2017

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