L’appel était désormais public. Les nouveaux convertis qui se réunissaient dans le demeure
d’Al-arqam, en parlaient autour de leur proche et famille. Les chefs des clans percevaient
chaque jour la nature du danger qui les menaçait. Une claire rébellion contre l’ordre
établi : les dieux, les coutumes, le pouvoir en place. Ils décidèrent d’envoyer
une délégation chez l’oncle du prophète Abû Talib. Abû Talib garantissait la
protection du Prophète Muhammad (PSL). Ils lui demandèrent de parler à son
neveu pour qu’il arrête la diffusion d’un message dangereux et inacceptable.
Abû Talib ne réagit point. Ils revinrent ainsi le voir pour
insister sur l’urgence de l’affaire. Abû Talib fit alors appeler son neveu et
chercha à le convaincre à son tour de mettre un terme à ses activités. La
réponse du Prophète Muhammad (PSL) fut ferme :
« Ô mon oncle, je jure par Dieu que, quand bien même ils mettraient le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche afin que j’abandonne cette cause, je ne l’abandonnerai avant qu’il (Dieu )l’ait fait triompher ou que je sois mort pour elle ! » Ibn Hishâm, op. cit., vol.2 , p. 101
Devant cette détermination, Abû Tâlib n’insista pas, mais
assura malgré tout son neveu de son
soutien permanent.
Une nouvelle
délégation vint voir le Prophète (PSL) et lui proposa des biens, de l’argent et
le pouvoir. Il refusa une à une leurs offres et confirma que seule l’intéressait
sa mission : appeler à la reconnaissance et à la foi en Dieu, l’Unique,
quel qu’en soit le prix :
« Je ne suis pas un possédé, et je ne cherche parmi vous ni les honneurs ni le pouvoir. Dieu m’a envoyé auprès de vous comme Messager. Il m’a révélé un Livre et m’a ordonné de vous porter de bonnes nouvelles et de vous avertir. Je vous ai transmis le message de mon Rabb [Educateur] et j’ai été pour vous de bon conseil. Si vous acceptez de moi ce que je vous ai apporté, ce sera une bonne fortune pour vous dans ce monde et dans l’autre ; mais si vous rejetez ce que j’ai apporté, alors j’attendrai patiemment que Dieu juge entre nous. » Ibn Hishâm, op. cit., vol.2 , p. 132-133
Avec ces paroles, Le Prophète Muhammad (PSL) marquait les
limites du compromis possible : il ne cesserait pas de transmettre son message, il ferait
confiance à Dieu et s’armerait de patience parmi les hommes quant aux
conséquences de cette décision.
Dans les faits, les hostilités
étaient désormais déclenchées. Les chefs de clan n’eurent de cesse d’insulter
le Prophète (PSL), de le traiter de fou,
de magicien et de possédé. Abû Lahab,
son oncle fut divorcé ses deux fils (qui étaient mariés aux filles). Sa femme
prenait plaisir à déverser le contenu de ses poubelles lors de son passage.
On faisait courir le bruit que le
Prophète Muhammad (PSL) était en fait démoniaque, qu’il brisait les familles,
séparait les parents des enfants, les maris de leurs épouses. Il était aux yeux
des membres des clans un propagateur de désordre.
A l’approche
de la foire, les chefs de clan craignaient que le Prophète (PSL) ne diffuse son
message parmi les visiteurs, firent poster des hommes aux différentes entrées
de la Mecque. Ils étaient chargés de prévenir les visiteurs des méfaits du
Prophète Muhammad (PSL) et de ses compagnons. La stratégie d’isolement
fonctionnait relativement bien. Abû Dharr des Banû Ghifâr, un ancien bandit de
grand chemin ainsi que d’autres visiteurs ne se laissaient pas influencer.
Abû Dharr
avait entendu parler de ce nouveau message appelant à la foi en un Dieu Unique,
vient voir le Prophète (PSL) malgré les avertissements des gens de Quraysh. Il
trouva le Prophète Muhammad (PSL) allongé près de la Ka’ba. Il l’interpella et
voulut en savoir davantage sur son message. Il l’écouta puis sur le champ
prononça l’attestation de foi à la surprise du Prophète qui affirma en l’observant :
« Dieu guide qui il veut ! »
Abû Dharr
al-Ghifâri allait devenir l’un des plus célèbres compagnons du Prophète
Muhammad (PSL) connu pour sa piété, son dévouement, sa rigueur et sa critique
du luxe et de la paresse.
Yathrib 786
6 août 2017
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