Le Prophète Muhammad (PSL) vécut des jours agréables en compagnie de son
épouse qui l’entourait de ses soins, de sa tendresse et de son amour. Ce qui
l’aida à supporter l’épreuve de la mort de ses deux enfants Al-Qâsim et `Abd
Allâh.
Il se rendait régulièrement à la grotte de Hirâ’ pour y passer
quelques jours, emmenant avec lui les provisions que Khadîdjah lui préparait. Loin
du tumulte de la Mecque et des événements qui y survenaient, il réfléchissait à
l’égarement de son peuple et méditait sur la nature qui l’entourait, les
montagnes, les vallées, le ciel, les planètes, les étoiles, à la recherche de
la vérité et de la guidance...
Plus tard, il se mit à avoir des songes véridiques qui ne tardaient pas à
se réaliser. Cette situation dura six mois. Puis, au cours d’une nuit du mois
de Ramadân, alors qu’il était en prière dans la grotte, il fut surpris
par l’Esprit Saint qui se présenta à lui dans l’apparence d’un homme et lui
ordonna :
« Lis ! »
Le Prophète (PSL) lui dit :
« Je ne sais pas lire. »
L’ange le prit dans ses bras et le serra avec force, puis lui
ordonna :
"Lis !"
Le Prophète (PSL) lui dit :
"Je ne sais pas lire."
Alors, l’ange le serra vigoureusement dans ses bras avant de lui commander
de nouveau :
"Lis !"
Le Prophète (PSL) épuisé par ces
étreintes vigoureuses qui faillirent lui briser les côtes, lui répondit :
"Que dois-je lire ?"
L’ange lui dit :
"Lis, au nom de ton Seigneur Qui a créé, Qui a créé l’homme d’une adhérence.Lis ! Ton Seigneur est le Très Noble, Qui a enseigné par la plume (le calame), Il a enseigné à l’homme ce qu’il ignorait." Sourate 96, Al-`Alaq, L’adhérence, versets 1 à 5.
Ses paroles pénétrèrent le cœur du prophète (PSL), l’illuminèrent et lui
illuminèrent le monde entier. L’ange s’en alla, le laissant méditer sur la
signification de ces paroles :
"Qui créa l’homme et lui enseigna ce qu’il ignorait ? Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Quel est son but ? Pourquoi lui ?"
L’inquiétude infiltra son esprit et se transforma en forte anxiété. Il se
dépêcha de quitter la grotte apeuré et effrayé. Et voici qu’une voix venue du
ciel l’interpella :
"Ô Mohammad, tu es le Messager de Dieu et je suis Jibrîl (Gabriel)."
Il leva les yeux au ciel et revit l’ange qui s’était présenté à lui dans la
grotte dans l’apparence d’un homme. Dans quelque direction qu’il dirigeait son
regard, il le voyait devant lui emplissant le ciel. Ce qui accentua sa peur.
Il entra chez Khadîdjah tremblant de tout son corps en disant :
"Couvrez-moi... Couvrez-moi..."
Elle l’enveloppa d’une couverture et le serra contre elle avec tendresse et
compassion. Puis, elle s’assit à ses côtés, l’observant avec affection et
espoir. Il tremblait de tout son corps pris dans une sueur abondante. Puis il se
leva récitant ce que Jibrîl lui inspirait :
"Ô, toi ! Le revêtu d’un manteau ! Lève-toi et avertis. Et de ton Seigneur, célèbre la grandeur. Et tes vêtements, purifie-les. Et de tout péché, écarte-toi. Et ne donne pas dans le but de recevoir davantage. Et pour ton Seigneur, endure." Sourate 74, Al-Muddaththir, Le revêtu d’un manteau, versets 1 à 7
Sa compassion pour son époux redoubla jusqu’à ce qu’il lui eut raconté ce
qui venait de lui arriver. Puis, il lui dit :
"J’ai eu peur pour ma vie."
Khadîjah lui dit :
"À Dieu ne plaise ! Par Allâh, Allâh ne t’humiliera jamais. Tu honores tes liens de parenté. Tu soutiens le faible. Tu fais don au démuni. Tu fais preuve d’hospitalité envers tes hôtes. Et tu apportes ton soutien dans les véritables épreuves."
Ayant dit cela, Khadîdjah emmena son époux chez son cousin Waraqah Ibn
Nawfal Ibn Asad Ibn `Abd Al-`Uzzâ. Ce dernier s’était converti au christianisme
du temps de la jâhiliyyah et écrivait des livres dans la langue
hébraïque ; il écrivait des pans de l’évangile en hébreu, autant que Dieu
lui assignait d’écrire. À l’époque, il était devenu un vieillard aveugle.
Khadîjah lui dit :
"Cousin, écoute le récit de ton neveu."
Waraqah lui dit :
"Mon neveu, qu’as-tu vu ?"
Le Messager de Dieu (PSL) lui décrivit ce qu’il avait vu. Waraqah lui dit
alors :
"Saint ! Saint ! Par celui qui tient l’âme de Waraqa, c’est le sublime Naûs [L’Ami des secrest de la Royauté suprême, l’Ange qui apporte la Révélation sacrée] qui est venu à Muhammad ; le même que celui qui était venu à Moïse. Certes, Muhammad est le Prophète de ce peuple." Ibn Hishâm, op. cit., vol. 2, p. 73 – 74
Plus tard, lors d’une rencontre avec le Prophète Muhammad (PSL) à proximité
de la Ka’ba, Waraqa ajoutera :
"Il est certain qu’on te traitera de menteur, que tu seras maltraité, que l’on te bannira et que l’on te fera la guerre. Si je vis encore ce jour-là, Dieu sait que je m’engagerai à tes côtés pour la victoire de Sa cause." Ibn Hishâm, op. cit., vol. 2, p. 74
Le Messager d’Allâh (PSL) s’étonna :
"Parce qu’ils vont me chasser ?"
Il répondit :
"Oui. Nul homme n’est venu avec une mission comme la tienne sans avoir suscité l’hostilité. Si je suis encore en vie ce jour-là, je t’apporterai un soutien infaillible !"
Mais Waraqah devait décéder sans tarder.
Aïsha rapporte que Waraqa précisa
encore :
"Ton peuple te bannira !"
Et Waraqa de l’avertir :
"Certes oui ! Jamais un homme n’est venu avec ce avec quoi tu es sans avoir été combattu !" Hadîth de Aïsha rapporté et authentifié par al-Bukâri et Muslim
Du fait de sa véridicité, Waraqah inspira confiance au Prophète (PSL).
Voulant le rassurer davantage, Khadîdjah lui demanda de la prévenir lorsque
l’ange reviendrait de nouveau. Lorsque cela se produisit, elle l’assit sur son
genou gauche, puis sur son genou droit, puis dans son giron. Le Prophète (PSL) le voyait toujours. Elle ôta son voile, dénudant
sa tête, et voici que le Prophète (PSL) ne voyait plus l’ange. Elle eut alors
la certitude qu’il s’agissait bel et bien d’un ange et non d’un démon. Par
conséquent, elle eut la foi et fut ainsi la toute première personne à croire en
Dieu et en Son Messager (PSL).
Le Prophète (PSL) commença à réfléchir à la manière d’amener son peuple à
croire au Dieu, l’ Unique et en la véracité de son Message, en attendant les
directives de la révélation. Mais la venue de l’ange devint intermittente puis
s’interrompit, ce qui augmenta sa peur et son angoisse. Puis, Jibrîl refit son
apparition après un certain temps, apportant avec lui la sourate Ad-Duhâ 93 (le Jour
montant). Et quelle belle sourate, débordant de l’affection et des
égards de Dieu envers Son Messager et lui apportant Sa Promesse de tout le bien
en ce monde et dans l’au-delà !
« Par le Jour Montant!
Et par la nuit quand elle couvre tout!
Ton Seigneur ne t’a ni abandonné, ni détesté.
La vie dernière t’est, certes, meilleure que la vie présente.
Ton Seigneur t’accordera certes [Ses faveurs], et alors tu seras satisfait.
Ne t’a-t-Il pas trouvé orphelin? Alors Il t’a accueilli!
Ne t’a-t-Il pas trouvé égaré? Alors Il t’a guidé.
Ne t’a-t-Il pas trouvé pauvre? Alors Il t’a enrichi.
Quant à l’orphelin, donc, ne le maltraite pas.
Quant au demandeur(2), ne le repousse pas.
Et quant au bienfait de ton Seigneur, proclame-le. » Ad-Duhâ 93 (le Jour montant)
Puis, Jibrîl descendit de nouveau pour enseigner au Prophète (PSL) les
ablutions et la prière. À l’époque, celle-ci n’était composée que deux unités (rak`ah).
Ses modalités en nombre d’unités et en horaires n’avaient pas encore étaient
prescrites. Le Prophète (PSL) commença à accomplir la prière, en compagnie de
son épouse. À cette époque, `Alî Ibn Abî Tâlib qui était encore un jeune
garçon prépubère habitait chez eux. Un jour, `Alî rentra chez eux et les trouva
en train de prier. Il s’étonna de ce qu’ils faisaient et attendit qu’ils aient
fini leur prière pour s’en enquérir auprès d’eux. Alors, le Prophète (PSL) l’informa
de sa mission et l’invita à embrasser l’islam. `Alî attendit le lendemain pour
demander l’avis de son père. Mais, le lendemain matin, il s’empressa
d’embrasser l’islam disant :
"Dieu n’a pas demandé l’avis d’Abû Tâlib lorsqu’Il m’a créé, à quoi bon lui demanderais-je son avis sur le fait d’adorer Dieu ?"
Il fut ainsi le premier garçon à embrasser l’islam. Puis, Zayd Ibn Hârithah
embrassa l’islam à son tour, et fut le premier affranchi à embrasser l’islam.
L’islam resta circonscrit dans la demeure prophétique jusqu’au jour où le
Prophète (PSL) en parla à Abû Bakr As-Siddîq (le Véridique), qui
était connu pour sa probité, son honnêteté, sa véridicité et sa sagesse. Il
était un homme respecté par les Mecquois et un bon ami du Prophète (PSL). Comme
lui, il se tenait à l’écart de l’adoration des idoles, des cercles de beuveries
et de libertinage répandus à la Mecque. Aussitôt que le Prophète lui en fit
l’invitation, Abû Bakr embrassa l’islam sans aucune hésitation, et fut ainsi le
premier homme à embrasser l’islam. Puis, il voulut faire profiter les gens de
confiance parmi ses amis de cette grande manne ; il fut ainsi la cause de
la conversion de `Uthmân Ibn `Affân, `Abd Ar-Rahmân Ibn `Awf, Talhah
Ibn `Ubayd Allâh, Sa`d Ibn Abî Waqqâs et Az-Zubayr Ibn Al-`Awwâm. Puis, Abû
`Ubaydah Ibn Al-Jarrâh, Sa`îd Ibn Zayd et d’autres personnes parmi les
premiers musulmans embrassèrent l’islam à leur tour.
Toute personne embrassant l’islam se rendait auprès du Prophète (PSL), lui
déclarait son adhésion à l’islam et recevait ses enseignements. Les premiers
musulmans vivaient leur foi secrètement et ne manifestaient en aucune façon
leur appartenance à l’islam de peur que les mécréants de la Mecque ne s’en
prennent à eux. Ils se rendaient dans les maquis qui entouraient la Mecque pour
prier et se rencontraient loin des regards. Cette situation dura trois ans jusqu’à
la venue de l’injonction divine ordonnant de prêcher l’islam publiquement, de
commencer par inviter à la foi la famille et le clan du Prophète, et ce, en
vertu du verset : « Et avertis les gens de ton clan les plus proches
de toi. » Sourate 26, Ash-Shu`arâ’, Les poètes, verset 214
La mission du prophète (PSL) venait juste de commencer. A l’aube de cette nouvelle ère, il
lui était déjà donné d’appréhender les fondements de la dernière Révélation.
Yathrib786
26 Mai 2017