26 février 2017

Le Prophète Muhammad (PSL) : contexte de la Révélation


Comme annoncé, ce blog  souhaite en se fondant sur les écrits des Anciens, les Orientaux, des Mystiques et des spécialistes, mettre en lumière une autre approche de l’Illustre (PSL).

Le Prophète (PSL) était tout à la fois saisissable et insaisissable. C’est d’abord un homme comme nous. Il a vécu avec ses semblables. Il a vécu dans un contexte complexe et très différent du nôtre. Il a vécu avec des gens, des tribus très différentes. L’espace est tout autre. L’horizon est tout autre. Les mœurs et les préoccupations sont autres. Aussi la vie, la mentalité, les structures fondamentales, les objectifs et les intérêts sont autres.

Le temps est aussi tout autre. Leur ciel, leurs astres, les conflits géopolitiques, géographiques ou mentaux également, etc…

C’est un homme qui s’est affranchi de l’Histoire et des Histoires, nous allons le montrer dans les études à venir.

Et pourtant, lui est obsédé par tout autre, un génie infiniment plus grand, celui de son aveu propre. Il n’est que l’instrument de son Créateur et de son Éducateur (RABB)

« Ô dieu qui est en moi, plus mois même que moi. »
Paul Eluard

Le prophète Muhammad (PSL) va vivre la plus haute expérience mystique.

Il va acquérir un statut non pas tout majoré, différent, inatteignable, sacralisé ou cristallisé. Nous allons arriver à la métamorphose d’un homme en toute simplicité et en toute modestie.

Cet homme vécu entre deux bourgades La Mecque et Médina distantes de 300 kms à peine.

Il s’adressera à l’humanité, aux hommes, et aux femmes, en particulier ceux et celles de ces deux villes dont il connaît le milieu, les habitants, les clans, les sous-clans, les bédouins nomadisants et qui se regroupaient par endroit au tour de la Mecque.

C’est bien dans ce contexte qu’il nourrit une spiritualité ; une autre plus grande se dessine.

Le prophète Muhammad (PSL) dit : « Mon royaume, le royaume d’Allah, est déjà de ce monde. »

Il faut bien être ce que l’on est quand ce que l’on est se trouve terni et gravement menacé.

Je reste à bord, à côté du prophète Muhammad (PSL) et dans notre religion l’Islam pour dire et revivifier dans la limite de mes moyens la grandeur d’un homme magnifique, hautement spirituel, et admirable.

Un homme qui aura réussi à centrer le temps et l’éternité à tel point que sa lumière est devenu un abreuvoir, une lumière directrice (la Nurul Hidayya).

Qu’elle nous illumine et illumine les demeures de nos devanciers. 


Yathrib786

25 February 2017



19 février 2017

Comportement, Caractère et Moralité de l’Illustre (PSL)





« Et tu es certes d’un caractète magnifique » (Coran 68/4)


Que la miséricorde, le salut et la bénédiction d’Allah soient sur notre prophète Muhammad, sur sa famille et sur tous ses Compagnons.


Outre la Sirâ – la Bibliographie prophétique d’Ibn Hichâm – ou le Tarîkh d’At Tabârî, il faut jeter un coup d’œil sur la compilation de référence d’Abd al Raoûf Muhammad al-Mounäwî par le Dictionnaire biographique (établi par Muhammad ibn Fadlallah al-Mouhîbbî qui vécut entre 1651 et 1699, ouvrage qui mentionne 1289 personnages).

Abd Al Raoûf Muhammad Al-Mounäwî est descendu d’une lignée de savants et a parcouru différentes écoles et recueillit divers témoignages. Le portrait Muhammadien a été traduit par René KHAWAM. Après avoir décrit le prophète (PSL), il disait : « Je n’ai jamais vu personne qui lui ressemblât, ni avant, ni après l’avoir rencontré. ».

Dieu dans sa mansuétude nous recommande de suivre le modèle du prophète (PSL), parce qu’il est cet exemple pour le jeune, l’enfant, l’homme et la femme en général. Il est dans l’incarnation de la religion, dans sa discipline et surtout par sa noblesse de caractère.
« Vous avez dans le Messager d’Allah un excellent modèle (à suivre), pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment » 

                                                 (Sourate 33, Les coalisés, verset 21)
 À ce sujet, Sa'd ibn Hichâm ibn 'Âmir, qu'Allah lui fasse miséricorde, a dit qu’il était allé voir Aïcha, qu'Allah soit satisfait d’elle, et qu’il lui avait dit :
«  - Ô, mère des croyants, parle-moi de l’éthique du Messager d’Allah, Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam. »
 Elle me répondit :
«  - Son éthique était en tous points conforme aux injonctions du Coran. N’as-tu pas lu dans le Saint Coran le verset où Allah, exalté soit-Il, dit : « Et tu es certes, d’un caractère magnifique. » 
                                                             (Coran 68/4).
 Le Coran nous rappelle : 
  « Il a instruit l’Homme au moyen du calame ; il lui a enseigné ce qu’il ne savait pas. » 
                                                              (Coran II, 31)
Entre le créateur et l’Homme, il y a la foi qui se nourrit de connaissance que le Très-Généreux a mise à la disposition des êtres humains pour répondre à son appel et venir à sa rencontre.

À la lumière de la foi, la connaissance doit établir et s’établit sur la dimension sur la dignité morale de l’individu. Et c’est bien la noblesse reconnue de son comportement qui confirme le Prophète (PSL) et qui confirme que le Prophète (PSL) n’est pas un possédé et qu’il est dans le bien. La foi en Dieu et le savoir, à la lumière du divin doivent avoir comme conséquence immédiate un comportement, un bon comportement ; un agir, qui respecte une éthique et qui promet le bien.

Avec les enfants
Avec les enfants, le prophète faisait preuve de patience, il ne s’ennuyait  jamais. Le fait d’être préoccupé par les pratiques culturelles, l’invocation du Seigneur de la terre et des cieux n’empêcha aucunement notre Prophète (PSL), de faire preuve de bienveillance et de douceur à l’égard des enfants.
D’après Chaddâd ibn al-Hâd, qu'Allah soit satisfait de lui :
  «   Lors de l’une des deux prières du soir (al-Maghrib ou al-'Ichâ`), le Messager d’Allah, Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam, sortit (pour diriger la prière), portant al-Hasan ou al-Husayn. Il s’avança,  le déposa par terre, puis prononça le takbîr et commença la prière. Pendant la prière, l’une de ses prosternations, Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam, fut si longue que je dus relever la tête. Je vis alors l’enfant assis sur le dos du Messager d’Allah, Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam, qui était toujours prosterné. Je poursuivis alors ma prosternation et, une fois la prière accomplie, les gens lui demandèrent : 
« - Ô Messager d’Allah ! Pendant cette prière, une de tes prosternations fut si longue que nous avons cru que tu avais eu un empêchement quelconque ou que tu étais en train de recevoir la Révélation. 
« - Rien de ceci n’a eu lieu, Mon petit fils était sur mon dos et je n’ai pas voulu le faire descendre avant qu’il ne le fasse de son propre gré »
                                                                      (Ahmad et al-Nisâ'î)
« Parfois, je commence une prière avec l’intention de la prolonger, mais lorsque j’entends les pleurs d’un enfant, je l’écourte car je sais que les pleurs de cet enfant troublent sa mère. »
                                                                      (Boukhari et Mouslim)

La sagesse dans la prière
La prière était pour lui une source de joie et d’apaisement. Il disait toujours à Bilâl, qu'Allah soit satisfait de lui, lorsqu’il se levait pour l’accomplir :
 «   Ô, Bilâl ! Apaise-nous avec la prière » 
                              (Abû Dawoud).


Son comportement avec les animaux
D’après Abû Hurayra, qu'Allah soit satisfait de lui, le Prophète, Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam, raconta cette histoire :
«  Alors qu’un homme poursuivait son chemin, voilà qu’il ressentit une grande soif. Il trouva alors un puits, y descendit et en but. À sa sortie du puits, se présenta un chien haletant et léchant la terre humide tellement il avait soif. L’homme se dit : 
«  - Ce chien souffre de la soif autant que j’en souffrais moi-même ». 
Il redescendit dans le puits, rempli d’eau sa chaussure, remonta et en abreuva le chien. Allah loua alors son acte et lui pardonna ses péchés ». 
Les Compagnons, qu'Allah soit satisfait d’eux, dirent alors : 
«  - Ô Messager d’Allah ! Obtiendrons-nous donc une récompense pour nos bonnes actions envers les animaux ?» 
«  - Pour toute créature vivante il y a une récompense à qui lui fait du bien »   
Le comportement du prophète avec les ignorants
Le Prophète (PSL) se souciait de faire preuve de douceur à leur égard.
D’après Anas, qu'Allah soit satisfait de lui :
« Alors que nous étions assis avec le Messager d’Allah (PSL), dans la mosquée, un bédouin se mit à y uriner. Les Compagnons se précipitèrent alors sur lui, mais le Messager d’Allah (PSL), s'écria :


« - Laissez-le et ne l'interrompez pas !


Ils le laissèrent alors, et lorsqu’il eut fini d'uriner, le Messager d’Allah l’appela et lui dit : 
« Il ne convient pas de souiller ces mosquées avec cette urine et ces saletés. Elles sont consacrées à l’évocation d’Allah, exalté soit-Il, à la prière et à la récitation du Coran ».
Ensuite, il ordonna qu'on apporte un seau d'eau et le versa sur l'endroit souillé. »

                                                 (Boukhari et Mouslim)




Son comportement avec les ennemis 
D’après Abû Hurayra, qu'Allah soit satisfait de lui :
« On dit au Messager d’Allah (PSL) : 
« - Ô, Messager d’Allah ! Lance des imprécations contre les polythéistes. 
Et telle fut sa réplique : 
« Je ne fus pas envoyé pour maudire, mais comme miséricorde. »
                                               (Mouslim)
Le Prophète (PSL), pardonnait ses ennemis et faisait preuve de tolérance envers eux.

Son comportement avec ses compagnons 
Allah, le Très Haut, dit :
« C’est par quelque miséricorde de la part d’Allah que tu (Muhammad) as été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude, au coeur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (d’Allah). Et consulte-les à propos des affaires ; puis une fois que tu t’es décidé, confie-toi donc à Allah, Allah aime, en vérité, ceux qui Lui font confiance. »
                                                       (Coran 3/159)

Sa modestie
« Ne me flattez pas comme le firent les chrétiens avec le fils de Marie. Je ne suis qu'un serviteur, appelez-moi donc le serviteur d'Allah et Son Messager.»
                                                   (Boukhari)
Le Prophète (PSL), n’aimait pas que ses Compagnons le craignent.
D’après Abû Mas'ûd, qu'Allah soit satisfait de lui :
« Un homme vint voir le Prophète (PSL), et, lorsqu’il commença à lui parler, il se mit à trembler. Le voyant dans cet état, le Prophète lui dit alors : 
« Prends l’affaire simplement, je ne suis pas un roi, je ne suis que le fils d'une femme qui mangeait de la viande séchée. » 
                                                     (Ibn Mâdja)
Le Messager d’Allah (PSL), consultait ses Compagnons, se pliant ainsi à la Parole d’Allah, exalté soit-Il :
« C’est par quelque miséricorde de la part d’Allah que tu (Muhammad) as été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude, au coeur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (d’Allah). Et consulte-les à propos des affaires ; puis une fois que tu t’es décidé, confie-toi donc à Allah, Allah aime, en vérité, ceux qui Lui font confiance. » 
                                                   (Coran 03/159)

Il donnait avec largesse…
Mouslim intitula l’un des chapitres de son Sahîh
« Jamais, quand on lui demanda quelque chose, le Prophète, Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam, ne répondit : ‘Non’, ne fût-ce qu’une seule fois ».
Le Prophète (PSL), ne tolérait pas que quiconque dénigre ou insulte l’un de ses Compagnons, même lorsque cela venait d'un autre Compagnon.

Selon 'Umar ibn al-Khattâb, qu'Allah soit satisfait de lui, un homme appelé 'Abdallah, et surnommé himâr (âne), amusait par son sens de l'humour le Messager d’Allah (PSL), lequel lui avait infligé la peine d’être fouetté pour consommation d’alcool. Un jour, cet homme fut arrêté de nouveau, condamné à subir la même peine et fut alors fouetté encore une fois. L’une des personnes présentes dit :
« - Ô, Allah ! Maudis cet homme ! On l’a ramené tant de fois pour subir la même peine ! ». 
« - Ne le maudissez pas ! », répliqua le Prophète, Salla Allahou 'Alaihi wa Sallam, et il ajouta : « Par Allah ! Il aime Allah et Son Messager » 
                                                  (Boukhari)

Son comportement avec ses épouses
Quant au comportement du Prophète (PSL), avec ses épouses, je me contenterai de citer les textes qui témoignent de sa bienveillance à leur égard et des moeurs éminentes dont il se parait en les traitant.
D’ailleurs, tel devrait certes être le comportement de celui qui dit le jour de 'Arafat :
« Craignez Allah à travers vos femmes car vous les avez prises selon un pacte que vous avez conclu avec Allah et ce n’est qu’avec la permission d’Allah que vous cohabitez avec elles » 
                                                  (Mouslim)
Le Prophète (PSL), consultait ses épouses.
«  Une fois achevée la rédaction du traité de Houdaybiya, le Messager d'Allah (PSL), dit à ses Compagnons, qu'Allah soit satisfait d'eux : 
«  Levez-vous ! Egorgez les bêtes de sacrifice ! Puis rasez-vous les cheveux (pour vous désacraliser) ! 
«  Or, aucun des Compagnons ne se leva. Ayant répété son ordre trois fois sans que personne ne se levât, le Messager d’Allah, tellement touché, entra alors chez son épouse Umm Salama, et lui raconta comment les gens réagirent à son ordre. Elle lui dit alors :
«  Que dirais-tu, ô, Messager d'Allah, de ce que je te propose là ? Je te suggère de sortir, sans parler à personne, jusqu'à ce que tu entreprennes ton sacrifice et que tu appelles ton coiffeur pour qu'il te rase les cheveux. »
«  Il sortit alors, ne s'adressa à personne jusqu'à ce qu'il accomplît tout ceci : il entreprit son sacrifice, appela son coiffeur pour se faire raser les cheveux. Voyant ce que le Prophète (PSL), fit, la consternation des Compagnons se dissipa et ils se précipitèrent pour faire le sacrifice et pour se faire raser les uns par les autres. »
                                               (Boukhari)

En somme, le Prophète (PSL), était la personne qui faisait preuve des meilleures mœurs avec ses épouses.

Son comportement avec ses serviteurs
Quant au comportement du Prophète (PSL), avec ceux qui étaient à son service :
Il ne blâmait ni ne réprimandait ses serviteurs.
D’après Anas, qu'Allah soit satisfait de lui : 
« Lorsque le Prophète (PSL), arriva à Médine, il n’avait pas de serviteurs. Abû Talha me prit alors par la main, m’emmena chez le Messager d’Allah, (PSL) et lui dit :
« - Ô, Messager d’Allah ! Anas est un garçon sagace, prends le comme serviteur. » 
Anas poursuivit : 
   «   Je le servis aussi bien pendant ses voyages que pendant son séjour à Médine. Jamais il ne me dit « Pourquoi as-tu fait telle chose ? » ni « Si seulement tu avais fait telle chose de telle façon ! » »
                                                (Boukhari et Mouslim)




Yathrib786

18 February 2017



08 février 2017

Le Prophète Muhammad (PSL) était-il analphabète ?




Le prophète, illettré ?



Le prophète Muhammad (PSL) dans certaines sources du Coran et des hadiths est qualifié « d’illettré », c’est-à-dire, « ne sachant ni lire ni écrire ». Le dialogue avec l’ange Gabriel le montre. Des islamologues qui ont travaillé le sujet soulèvent la difficulté de la traduction « Oummi » qui ne veut point dire « analphabète ».

Les biographes du prophète mentionnent bien le fait que le Prophète, naît dans une tribu de lettré, n’a malheureusement pas été instruit. Telle est la volonté de Dieu, de l’avis du Dr Tariq R. De la même manière, les savants musulmans ont toujours mis en avant son illettrisme pour sublimer sa connaissance paradoxale des traditions juives et chrétiennes.
« Quoi qu'il en soit, je ne pense pas que cela soit si important ... illettré ou pas, il est clair qu'il n'a jamais fréquenté les écoles religieuses juives ou les séminaires chrétiens, les seuls lieux où l'on pouvait à cette époque acquérir une connaissance théologique et scripturaire véritables. Et encore, pas le savoir diffusé par les centres périphériques, mais celui des grandes académies juives irakiennes par exemple, ou les facultés de théologie d'Alexandrie et d'Antioche ...
Or il est clair que le monde des caravaniers mekkois était bien loin de tout cela ... pourtant, c'est là et nul par ailleurs que l'on a affirmé pour la première fois avec tant d'évidence que Dieu est Un et que cette unité engendre un certain nombre de conséquences pratiques pour le destin de chacun ...

En 610 à Constantinople, on préférait se battre entre monothéistes et chalcédoniens pour savoir si Dieu avait deux natures, humaine et divine, subordonnées ou pas l'une à l'autre. À Pumbedita, le grand centre du savoir talmudique, on débattait pour savoir si tel rabbi avait ou n'avait pas prononcé telle phrase de telle façon sur l'importance ou non de la pureté rituelle dans la récitation de telle ou telle prière basée sur tel ou tel commentaire de tel verset, etc… » 
Je reprends ici quelques éléments de recherches pour éclairer et susciter la curiosité. Ma volonté n’est nullement de trancher le débat. Mes recherches m’ont permis de découvrir à tel point le Prophète Muhammad (PSL) durant sa tendre jeunesse a voyagé, échangé avec beaucoup de lettrés, a eu écho de beaucoup d’histoires et de controverses. Il était berger à l’image de tous les prophètes et a eu le temps de méditer. Il était imprégné de toutes les traditions. Zayd son fils adoptif connaissait le cœur de la mystique juive.

Le mot « Ummi » (souvent traduit « illettré ») est  utilisé à plusieurs reprises dans le Coran. Les assertions de certains orientalistes et/ou missionnaires chrétiens se basent également sur certains Hadiths authentiques rapportés par Al-Bukhârî et Muslim.


Le premier Hadith


Pour ce qui est de montrer que le Messager de Dieu était illettré, une première évidence est trouvée dans le rapport d'Aïcha au sujet du début de la Révélation et l'apparition de Gabriel dans le mont Hirâ’.

Aïcha, l'épouse du Prophète, a dit :

« La Révélation se présenta d'abord au Prophète (paix et bénédiction de Dieu sur lui) sous forme de visions pieuses qu'il voyait pendant son sommeil. Toutes lui parurent avec une très vive clarté. Puis, il eut de l'inclination à la retraite. Il se retirait alors dans la caverne de Hirâ', où il se livrait à la pratique d'actes d'adoration durant des nuits consécutives, avant qu'il ne rentre chez lui pour se munir de provisions de bouche. Il revenait ensuite vers Khadîja et prenait les provisions nécessaires pour une nouvelle retraite. Cela dura jusqu'à ce que la Vérité lui fut enfin révélée dans la caverne de Hirâ'. L'archange y vint alors lui dire : « Lis! ». - « Je ne suis point de ceux qui lisent », répondit-il. »
(propos rapportés par Sahih Muslim, n° 231)

Quand l'ange a ordonné à Muhammad de lire (« sallâllâhou alayhi wa salam »), celui-ci a compris au départ que l'ange voulait qu'il comprenne la signification d'un texte écrit (qui est un des sens du verbe « lire »). Ce qu'il ne pouvait pas faire.

C'est la raison pour laquelle il a répondu « Ma ana bi qari'in », c’est-à-dire, «  Je ne suis point de ceux qui lisent ». Ce n'est qu'au bout de la troisième fois qu'il a compris que l'ange lui ordonnait de répéter, de prononcer à haute voix ce qui allait lui être récité, ce qui est une autre signification du terme « Lis ». C'est ce qu'il fit alors. Ainsi donc, le Prophète déclare lui-même qu'il ne sait pas lire (« sallâllâhou alayhi wa salam »).


Le deuxième hadith


Pour étayer cet avis, prenons les propos relatés par Ismaël Ibn Kathir dans « Al-Sira An-Nabawiyya » (éditions UNIVERSEL, p.247-248).

La réponse du Prophète (saws), « Je ne sais pas lire », implique la négation, à savoir que celui-ci ne savait ni lire ni écrire. C'est là l'avis d'Ennawaoui et, avant lui, du cheikh Abou Châma.

Quant à ceux qui ont soutenu que cette réponse était une interrogation, leur avis est loin d'être juste. Ce qui confirme cette idée est le hadith rapporté par Abou Nu'aïm, d'après El-Mo'tamir Ibn Sulaïmane, qui lui-même rapportait les paroles de son père qui a dit :
« Le Messager d'Allah (saws) a dit, tout en tremblant : « Je n'ai jamais lu de livre et je ne peux pas le faire ! Je ne sais ni écrire ni lire ! » Gabriel (as) le prit alors et l'étouffa vigoureusement, puis le laissa et lui dit : « Lis ! » Mohammed (saws) lui répondit alors : « Je ne vois rien à lire, je ne sais pas lire et je ne sais pas écrire »»

                       (
Abou Nu'aïm, d'après El-Mo'tamir Ibn Sulaïmane)




Le troisième Hadith


Il a été relaté ceci sous l'autorité de Bara :

« Quand le Prophète (La paix soit sur lui) fut empêché de se rendre à la Ka'ba, les gens de La Mecque ont fait la paix avec lui, à la condition qu'il serait autorisé à entrer à La Mecque (l'année prochaine) et d'y rester pendant trois jours, qu'il n'entrerait pas (dans la ville), excepté avec des épées dans leurs fourreaux et des armes recouvertes dans leurs couvertures, qu'il ne prendrait pas avec lui aucun de ses habitants, ni qu'il empêcherait n'importe qui de ceux qui sont avec lui de rester à La Mecque (s'il le désiraient).

Il a dit à 'Ali : « Ecrit les termes convenus entre nous. ».
Ainsi 'Ali a écrit : « Au nom d'Allah, le miséricordieux, le Très miséricordieux. Ceci est ce que Muhammad, le messager d'Allah, a convenu (avec les Mecquois) ».
Les polythéistes lui ont dit : « Si nous savions que tu étais le messager de d'Allah, nous te suivrions, mais écrit : Muhammad B. 'Abdullah ».Ainsi il a dit à 'Ali d'effacer ces mots.
'Ali a dit : « Non, par Allah, je ne les effacerai pas ».

Le Messager d'Allah (la paix soit sur lui) dit : « Montre moi l'endroit (sur le parchemin) ».Ainsi il ('Ali) lui a montré l'endroit et le saint prophète l'a effacé.
'Ali a écrit : « Ibn 'Abdullah ».(Selon les termes du traité de l'année suivante) le Saint Prophète (la paix soit sur lui) est resté là pendant trois jours. Lorsque ce fut le troisième jour, ils ont dit à 'Ali : « C'est le dernier jour selon les termes de ton compagnon. Donc dis lui de partir. » 'Ali a informé le prophète (puisse la Paix être sur lui) en conséquence. Il a dit : « Oui », et quitta (la ville).
 »
(propos rapportés par Muslim)



            Le traité d’Al Hudaybiyah, sur lequel nous reviendrons est souvent cité en référence. Ici, 'Ali lui montre clairement l'endroit qu'il doit effacer ; ce qui prouve au moins que durant sa 18e année prophétique, il ne savait ni lire ni écrire. En effet, pour distinguer ce qu'il devait effacer, Ali a du le lui montrer clairement.



Retour au texte sacré


Dieu dit dans le Coran :
« Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré, qu'ils trouvent écrit (mentionné) chez eux dans la Thora et l'Evangile. Il leur ordonne le convenable, leur défend le blâmable, leur rend licites les bonnes choses, leur interdit les mauvaises, et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur eux. Ceux qui croiront en lui, le soutiendront, lui porteront secours et suivront la lumière descendue avec lui ; ceux-là seront les gagnants. Dis : « Ô hommes ! Je suis pour vous tous le Messager de Dieu, à Qui appartient la royauté des cieux et de la terre. Pas de divinité à part Lui. Il donne la vie et Il donne la mort. Croyez donc en Dieu, en Son messager,le Prophète illettré qui croit en Dieu et en Ses paroles. Et suivez-le afin que vous soyez bien guidés ». »  
 (Coran, 7 /157)


Comme le dit Muhammad Mohar Alî dans son livre, The Biography of the Prophet and the Orientalists (p. 686): « Pour n'importe quel historien impartial, le Coran doit être considéré comme la première et la plus contemporaine source d'information sur la vie et les enseignements du Prophète.

 »

Pour certains orientalistes comme Maxime Robinson ou Montgomerry Watt, cette mention « ar-rassûl an-nabiyy al-ummiyy », soulignant l'illettrisme du Prophète, relève de l'invention apologétique tardive visant à hausser la valeur littéraire du Coran. Selon eux, « Ummy » désigne un Prophète de souche non-israélite (gentil) ou ne possédant pas d'écritures. Pourtant, cette compréhension ne date pas d'hier et les exégètes traditionnelles ne contestent pas se sens naturel. En effet, Ibn Abbâs a dit:
« Votre Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) fut analphabète ne sachant ni lire ni écrire, ni calculer »
                                     (
Tafsîr Al-Qurtubî, 7/157)

Également, At-Tabarî note le sens du verset :
« Le Prophète (saws) ne savait pas écrire. » (
Tafsîr Al-Qurtubî, 7/157) 

Cependant c'est vrai, il y aussi, des savants musulmans anciens ou contemporains qui pensent que ce terme a été utilisé figurativement (cf. Ibn Hishâm II, al-Mawdudî, Tahfîm al-Qour'aane, (ed. Tadmurî), p.220). Quant à lui, l'orientaliste Montgomerry Watt pense que le mot « ummiyy » est dérivé de la phrase Hébreu, « ummot hâ 'olâm » (littéralement « les gens du monde des gentils »). Cela a pu avoir été le cas, mais il y a un avis plus pertinent à connaître : il serait dérivé de l'Arabe « umm » (mère) et par conséquent, « ummiyy » signifie « celui qui n'a pas acquis de connaissance, excepté ce qu'il a reçu de sa mère au berceau ».

Dans toutes les langues, les mots peuvent être utilisés à la fois littéralement et figurativement, à l'image des Grecs qualifiant de barbares aussi bien les cultures peu développées que l'ensemble des non-Grecs (non-Hellénistiques) ou des Hindous appelant « Yavana » non seulement les non-Aryens mais aussi l'ensemble des non-Hindous. 

Ainsi, pour ce qui est de l'utilisation du terme « ummy » dans le Coran, en plusieurs endroits (7/157-158, 2/78, 3/20, 3/75, 62/2), il faut prendre en considération le contexte pour tenter de déterminer de quelle façon, il a été utilisé.

En 2/78 du Coran, par exemple, il est indéniable qu'il est utilisé dans le sens de « illettré » (« ummiyyûn »). Le contexte nous montre que ce sont les Juifs qui sont désignés, et cela en constitue la preuve irréfragable. Dans le cas contraire, les traductions suivantes seraient dénuées de sens : 
« Et il y a parmi eux (les juifs) des non-juifs/ou des gens sans Livre (« ummiyyûn ») qui ne savent rien du Livre.

 » (2/78)
« Il est Celui qui a envoyé chez les illettrés (« ummiyyûn ») un messager issu d'eux-mêmes, qui leur récite Ses signes, les purifie et leur enseigne le Livre et la sagesse. » (62/2)


Conclusion


Le sens est ce qui est le plus disputé. Ainsi, pour Muhammad Hamidullâh, dans l’introduction de Sahifa Hammâm ibn Munabbih, (volume édité par l'Association des Etudiants Islamiques de France), le terme peut désigner simultanément des « non-juifs », c’est-à-dire, des « gens n'ayant pas hérité d'écritures d'essences divines » ou bien des « illettrés » (car la plupart des arabes du Hedjâz n'était pas lettrés).

Ce constat d'illettrisme est d'ailleurs confirmé par le verset 29/48: 
« Avant le Coran tu ne (pouvais) lire aucun livre, ni tracer (une ligne) de ta dextre, car alors les négateurs auraient été pris de soupçon. » 
Al-Qurtubî écrit :
« Des avis disent que le Prophète (saws) pouvait très peu écrire, mais ce qui est authentique c'est que le Prophète (saws) n'a pas écrit, même pas une lettre, mais il a dicté. Il ne lisait pas non plus. »
                                    (
Tafsîr Al-Qurtubî, 29/48)



Il est clair que la déclaration a été émise dans un contexte d'allégations récurrentes des mécréants comme quoi le Prophète aurait lui-même fabriqué ce qu'il communiquait et présentait comme issue d'une révélation divine. Le verset, de façon laconique, expose l'absurdité de cette allégation en signalant classiquement le fait indiscutable pour tout Mecquois de cette époque que le Prophète (PSL), n'avait pas pour habitude, précédemment, de lire ou d'écrire, donc il lui était impossible de venir soudainement avec une production littéraire remarquable et la présenter comme une révélation d'Allâh.

L'implication est plus que claire à partir de la dernière clause de la déclaration qui dit : « car alors les négateurs auraient été pris de soupçon » (29/48). Il est également utile de noter que l'expression « ma kunta » implique le fait d'être « non-habitué » ou « incapable de lire et écrire ».

De la même manière, la forme indéfinie avec laquelle le mot « Kitâb » a été utilisé signifie clairement « aucun Livre », et non pas « le Livre », qui est la forme avec laquelle le Coran se réfère aux écritures judéo/chrétiennes.





Yathrib786

8 February 2017


Ces références sont tirées du texte de Moussa Youssouf, Islampaix, avec  quelques ajouts personnels de Yathrib786.

05 février 2017

L'Alliance ou le Pacte des Vertueux (Hilf Al-Fudil)


Le contexte

         Nous sommes en 590 après JC (VIIe siècle).

     À La Mecque, la guerre des clans fait rage à tel point que les commerçants et les visiteurs
de passage étaient spoliés, maltraités. C'est ce qui arriva à un marchand yéménite spolié qui
décida de ne point se laisser faire. Il exposa la situation sur la place publique et en appela à la
noblesse et à la dignité des Quraysh pour que justice soit rendue.
    Aucun traité, aucune clause, aucune tribu ne garantissait le faible, le voyageur, l'étranger. Nous sommes en pleine période de la Jâhilliyya.


Les tribus


Tribus de Beni Hichân, 
Tribus de Bani Al-Mutalib, 
Tribus de Assad fils de Abd El ‘Uzza,
Tribus de Zuhra fils de Kilâb,
Tribus de Taym fils de Moura


Abd Allah Ibu Jud'ân


         C’est bien lui qui était l’initiateur de ce traité. Il était le chef de la tribu de Taym et  membre de l’une des deux grandes alliances de La Mecque, qu’on appelait les « gens du parfum ».
        Il proposa un pacte d’honneur et de chevalerie, ce pacte stipulait qu’il était du devoir collectif d’intervenir et de faire corps à côté de l’opprimé et de s’opposer à l’oppresseur quel qu’il soit, et quel que soit la nature des alliances qui le lierait à d’autres tribus.
     Ce pacte plaçait le respect des principes de justice et de soutien à l’opprimé au delà des considérations d’appartenance, et/ou de pouvoir.



L’attitude du prophète Muhammed (PSL)


« J’étais présent dans la maison de Abdallah Ibn Jud’ân lorsque fut conclu un pacte si excellent que je n‘échangerai pas la part que j’y ai prise contre un troupeau de chameaux rouges ; et si maintenant, en Islam, on me demandait d’y participer, j’accepterai avec joie. »
            (Hadith rapporté par Ibn Ichâq et Ibn Hishâm)



Enseignement


     Non seulement le prophète Muhammad (PSL) rappelle l’excellence des termes du pacte : « quand à la perversité des alliances claniques qui prévalaient à l’époque, il affirme même en tant que porteur du message de l’islam et en tant que musulman, en accepter la substance et n’hésiterait pas à y participer à nouveau. »   

     Dès lors, trois enseignements se dégagent :

-     Le prophète Muhammad (PSL) avait reçu la recommandation de faire bon usage de son passé. La réflexion va plus loin : le prophète (PSL) reconnaît le bien fondé d’un pacte établi avant la Révélation et qui stipulait l’impératif de défendre la justice et de s’opposer à l’oppresseur du pauvre et du démuni.

-     Le second enseignement : le prophète (PSL) reconnaît la validité d’un pacte établi par des non musulmans qui cherchaient la justice et le bien commun au sein de la société. Cette attitude est une dénonciation cinglante des discours tenus ça et là aujourd’hui, et à travers l’histoire de la pensée islamique qui affirme « la validité éthique d’un engagement pour les musulmans ne peut exister que si celui-ci est de nature strictement islamique et/ou établi entre les musulmans. »

-   Le troisième enseignement est que le message islamique n’est pas un système clos qui serait différent ou en opposition avec tous les autres systèmes de valeurs. L’Islam n’enferme pas ses engagements dans un univers de référence  mais se fonde sur un corps de doctrine universelle qui peuvent rejoindre les fondements et les valeurs d’autres croyances, d’autres traditions religieuses, ou pas, à l’image de celle d’une société polythéiste dans le cas qui nous concerne.

Conclusion

« Le prophète (PSL) s’emploie ou s’attache sous l’inspiration divine à développer la conscience croyante à l’adhésion à des principes qui transcendent les origines, les appartenances fermées, au nom d’une loyauté au principe universel »
Le Coran confirme : 
« Les meilleurs d’entre vous, quant à leurs qualités humaines et morales durant l’époque qui a précédé l’Islam (Al-Jâhiliyya) sont les meilleurs dans l’Islam, à la condition qu’ils le (l’Islam) comprennent » 
(Hadîth rapporté Al-Bukhârî et Muslim)
  

Yathrib782

5 February 2017

Ce travail est un condensé des biographies sur la vie du prophète et des enseignements spirituels et contemporains des auteurs orientaux et des écrivains modernes.